Le col du Grimsel, roi des cols alpins de Suisse

Le réservoir est plein, les pneus sont neufs et fraîchement installés avec une pression et un profil optimaux. Pour me rendre dans l’Oberland bernois, je prends les petites routes. C’est idéal pour un échauffement: de la moto, de ses pneus et de ses freins, mais aussi du motard. Dès que j’enfourche mon fidèle destrier, ma concentration grimpe à 110% en l’espace de quelques secondes. Il ne reste donc pas beaucoup de place pour d’autres pensées, et c’est justement le but. Être à l’air libre, sentir le contact de la nature, être seul sur la route: pour moi, c’est ça la liberté à laquelle on fait référence quand on parle de moto. Quand je roule, je me libère l’esprit, ne pense à rien d’autre et suis totalement dans mon élément.

 

En arrivant à Innertkirchen, petit village bernois marquant le début de la route du col du Grimsel, je frémis déjà d’impatience. C’est parti pour l’ascension du col: 1500 m de dénivelé sur 26 km et une déclivité de 11%. Cette partie du parcours est plus allongée que le côté valaisan et donc moins sinueuse: parfait pour prendre de la vitesse. Avec cette météo de rêve, l’itinéraire est très fréquenté, ce qui n’est pas surprenant. Évalue bien le trafic avant de prendre la route. Tu peux toujours espérer avoir la route du col à toi tout seul, mais par beau temps, ce serait un peu faire preuve d’égoïsme. Heureusement, la chaussée est suffisamment large et les lignes droites sont bien dégagées. J’appuie sur l’accélérateur et laisse la foule derrière moi.

Un panorama spectaculaire

Si tu aimes les beaux paysages et que tu as un peu de temps devant toi, il faut absolument que tu fasses un crochet par le lac de l’Oberaar. Bon à savoir: sur ce tronçon, la chaussée n’a plus qu’une voie et on ne peut passer que pendant les dix premières minutes de chaque heure. Par contre, cette Route panoramique – vraiment nommée ainsi – fait honneur à son nom. Il y a en effet quelque chose à voir, en l’occurrence des lacs: le Totensee, le Trübtensee et le lac de Grimsel. Celui qui le souhaite peut également faire une halte au Grimsel Hospiz. Voilà pour mon expérience personnelle. Aujourd’hui, je suis là pour une autre raison.

Une descente dans un cadre de rêve

Un peu plus loin, en face de l’hôtel Grimselblick, se trouve un parking pour motos situé juste au bord du Totensee. Si ce n’est pas la première fois que tu empruntes cet itinéraire, tu es sûr de croiser quelques visages connus. Plus que quelques mètres et voici le prochain point de vue où je retrouve ce que j’apprécie particulièrement dans les cols: depuis le point culminant, on a un aperçu parfait de la route en lacets qui nous attend. Je m’arrête un moment pour prendre quelques clichés en direction du Valais. Je me réjouis déjà de cette descente: six virages en tête d’épingle dans un cadre de rêve, entrecoupés de lignes droites. C’est parti pour un parcours de 6,2 km et une perte d’altitude de 400 m. Le rêve! C’est l’occasion pour moi de faire connaissance avec mes nouveaux pneus et vice versa. La descente en équipe se passe à merveille et, quelques minutes plus tard, nous voilà déjà à Gletsch.

La cerise sur le gâteau

Si tu as envie d’un itinéraire qui en vaut la peine pour passer de Berne au Valais (ou bien sûr en sens inverse), je ne peux que te recommander le col du Grimsel. Cette route est géniale pour les motards débutants sans pour autant être ennuyeuse pour les plus expérimentés. Mes favoris restent toutefois les cols de l’Ofen et de Susten. Dans le monde des routes suisses, ces deux itinéraires sont tout simplement imbattables du point de vue de la nature et des virages. Mon conseil: rallonge ton tour et ajoutes-y deux cols pour obtenir un joli trio: Grimsel, Furka et Susten. Dans tous les cas, tu auras déjà arpenté le premier des trois grands cols suisses.